En ces temps de campagne électorale, tous nous nous prenons à rêver du village idéal que nous voudrions voir se dessiner pour demain. Ça discute, en réunion publique ou en petit comité très privé, au hasard de rencontres impromptues dans la rue, ou lors des rendez-vous de campagne programmés. Difficile d'y échapper et chacun y va de ses idées, suggestions, analyses, soupoudrées d'un simple y'a qu'à-faudrait que, ou mûrement réfléchies. Avec au passage, quelques petits égratignages ou règlements de rancune personnelle, c'est la loi du genre en milieu rural... Bref, tout le monde se sent concerné, peut-être parce que cette consultation électorale est celle qui semble le plus nous donner les moyens d'influer directement sur notre quotidien et notre environnement proche, et que les enjeux sont à échelle humaine, compréhensibles. Plus facile en effet d'aborder des problèmes de trottoir ou de lagune avec son voisin que de discuter du Fond Monétaire International ou de la politique européenne en Afrique (gloups !). Mais ne nous trompons pas, si les enjeux paraissent plus simples, ils n'en sont pas moins importants. La complexité de notre monde est telle que nos actes locaux ont une portée dont l'ampleur nous dépasse et que nous nous devons de mesurer. Nous ne pouvons penser le devenir de notre village comme une entité à l'abri de l'évolution du reste de la planète, et c'est avec les questionnements des grands défis que notre humanité va devoir relever en ce XXIème siècle, qu'il nous faut réfléchir nos projets villageois : nous sommes à l'aulne d'une mutation économique, sociale, culturelle au moins aussi radicale que celle qui a bouleversé le monde à l'époque des Lumières et de la révolution industrielle. Nous sommes en conflit ouvert contre la nature et contre nous-mêmes, conflit entre nos exigences et les capacités de notre terre à les satisfaire (si l'ensemble de la population mondiale vivait comme un européen, il nous faudrait près de trois planètes pour répondre à nos besoins), et confrontés à l'émergence d'une géopolitique de la pénurie (baisse de la ressource pétrolière, déficit en eau douce, accroissement de la demande alimentaire alors que la surface des terres cultivables diminue, réchauffement climatique aux conséquences économiques lourdes). Le temps du développement rural à l'image de ce que notre société a connu ces 50 dernières années, basé sur la croissance et l'hyperconsommation n'est plus. La mutation que nous devons tous engager, sur des principes de durabilité écologique, se résume en un mot : sobriété.
Mots-clés : développement durable, ruralité, Asnières-sur-Vègre
Mots-clés : développement durable, ruralité, Asnières-sur-Vègre