Attrapant un rayon de soleil entre deux averses, nous avons descendu le chemin de Trompe-souris. Je n'ai pu m'empêcher de repenser aux mots de Bernard Réquichot, lus lors de la rencontre avec sa nièce à l'ancienne boulangerie, il y a quelques années...
photo B.Clep
"Il y a seulement un mois, si je partais par les champs en croyant que l'air libre m'aiderait à combiner les pensées des autres et les miennes, je revenais de ces chasses non la tête pleine d'idées mais les poches débordantes de pierres, de racines, de mâchefer. Rentré dans ma chambre, je posais chacun de ces objets sur ma table comme sur un autel. Maintenant si je me penche sur les pierres ou les mottes de terre, ce n'est plus pour m'en emparer : je les regarde, mais les laisse telles qu'elles sont car les toucher, les déplacer les altère. J'ai failli ramasser hier une feuille morte collée sur un sillon mais il m'eut fallu emporter dans ma chambre le sillon tout entier pour ne pas déparer la feuille. C'était encore ce tronc d'arbre qu'on ne pouvait isoler du sol et cette ornière inséparable du chemin : chaque chose faisait trop corps avec chaque autre. Aussi combien de chemins, de sillons, de racines et de terres n'emmenai-je par mon souvenir pour les déposer dans ma chambre."
Pour découvrir ce peintre asniérois, (qui a participé avec Madelaine Pré à la restauration des peintures de l'église) et dont cinq oeuvres majeures ont été intégrées au nouvel accrochage des collections modernes du Centre Georges Pompidou -> http://www.bernard-requichot.org
Mots-clés : art, poésie, randonnée pédestre
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