A la veille de la journée mondiale de l'eau le 21 mars prochain pour la France, Action contre la Faim lance une campagne de mobilisation : 15 000 échantillons (sous la forme d'une bouteille de parfumeur, emplie d'eau potable) seront distribués aux passants dans les rues commerçantes des grandes villes, rappelant par la même les 15 000 personnes qui meurent chaque jour de maladies liées à l’eau.
Action contre la Faim espère une nouvelle fois marquer les esprits, faire réfléchir et entraîner une prise de conscience sur ce problème crucial :
- Une personne sur six dans le monde, soit plus d’un milliard d’hommes, n’a pas accès à l’eau potable (les 2/3 en Asie). 58 % de la population africaine n’y a pas accès.
- Dans les pays en développement, près de 5 000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour de diarrhées liées à des conditions insuffisantes d’approvisionnement en eau.
- 15 000 personnes meurent chaque jour de maladies liées à l’eau, soit 10 fois plus que les personnes victimes de conflits.
Les données collectées par les équipes d’Action contre la Faim dans ses pays d’intervention en témoignent de façon dramatique. Par exemple, dans les camps de déplacés du Darfour (Soudan), la quantité d’eau disponible par personne et par jour ne dépassait pas 7 litres en 2006. Il en allait de même pour les habitants oubliés de la banlieue d’Oulan Bator (Mongolie) (6 litres), les habitants de Grozny (Tchétchénie) avec moins de 10 litres, ou enfin les Afghans des zones rurales (10 litres en moyenne).
En situation de crise, l’OMS préconise un minimum vital de 20 litres d’eau par jour et par personne. Pour vivre décemment, l’OMS précise qu’il faut 50 litres d’eau par jour et par personne.
- Sans apport d’eau, l’homme ne peut vivre plus de 2 à 3 jours. S’il boit sans manger, il peut survivre pendant 40 jours.
La ressource doit être disponible en quantité suffisante pour les usages personnels et domestiques : consommation, assainissement individuel, lavage du linge, préparation de la nourriture et hygiène personnelle et domestique. Les normes de l’OMS définissent une quantité minimum de 20 litres d’eau/personne. La ressource doit également être disponible de manière constante et durable.
Les dégâts environnementaux, souvent causés par les activités humaines appauvrissent fortement les ressources en eau.
Il en est ainsi en Haïti où l’on a rasé depuis des dizaines d’années une grande partie des forêts haïtiennes (il ne reste que 1,5% de la surface forestière originelle contre 15% en 1970). L’une des conséquences de cette catastrophe écologique est une perturbation du cycle de l’Eau. Celle-ci ruisselle mais ne s’infiltre plus, les nappes phréatiques s’assèchent. La déforestation a donc fortement grevé la ressource en eau.
A l’heure actuelle, le droit à l’eau est seulement implicite dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948. On y évoque l’eau comme un besoin vital mais pas comme un droit fondamental. Mais depuis plusieurs décennies, les questions liées à l’eau et l’assainissement sont au coeur des préoccupations internationales. De conférences en forums, jusqu’au Forum Mondial de l’eau de Mexico en 2006 ou au récent Forum Social Mondial à Nairobi - le concept de Droit à l’eau s’est progressivement forgé. Il est clair aujourd’hui que ce droit est corrélatif à d’autres droits de l’Homme ou droits humains comme le droit à la vie, le droit à l’alimentation, le droit à la santé, le droit à un logement, etc.
Du 18 au 20 mars, en amont de la journée mondiale de l’eau, l’Union Européenne accueille une « Assemblée mondiale des élus et des citoyens de l’eau » : des acteurs de la société civile, ONG, élus, etc. vont débattre et statuer sur la reconnaissance du Droit à l’eau.
L’accès à l’eau apparaît directement ou indirectement dans la majeure partie des Objectifs du Millénaire pour le Développement fixés par les Nations Unies pour « l’avènement d’un monde meilleur ». L’eau entre en ligne de compte lorsqu’il s’agit de « réduire l’extrême pauvreté et la faim », de « réduire la mortalité infantile », « améliorer la santé maternelle », « combattre des maladies comme le paludisme », « favoriser un environnement durable », autant d’objectifs prioritaires pour les Nations Unies, d’ici 2015.
Aujourd’hui, la mobilisation des sociétés civiles dans le monde entier est de plus en plus forte pour faire reconnaître ce droit comme un droit de l’Homme. Loin de tout solutionner, il s’agirait d’abord d’obtenir que ce droit fondamental soit reconnu à un niveau international. Ceci permettrait également de mettre en place des bases juridiques qui désigneront les obligations et responsabilités de tous les acteurs impliqués dans cette question.
Inscrire le droit à l’eau comme un droit fondamental de l’homme permettrait également de le faire entrer dans les constitutions des Etats.
Mais n'oublions pas que cette mobilisation nous concerne chacun, par une plus grande responsabilisation de nos utilisations de cette ressource, patrimoine commun de l'humanité.
Merci à Sylvain Trottier, pour le dossier de presse de ACF, dont sont tirés ces renseignements.
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Mots-clés : eaux, développement durable, actu française, international, village planétaire
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